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Les artistes bulgares

Créateurs dans l’âme il faudra bien un jour – du moins je l’espère – que les artistes bulgares comprennent qu’ils ont un réel talent, et que ce n’est pas à eux de dire merci lorsque qu’une organisation étrangère les invite à exposer.
Ce n’est pas aux artistes bulgares de dire merci, mais aux organisateurs d’expositions de les remercier d’exister. Je ne suis pas expert dans l’art bulgare, loin s’en faut, mais j’ai certaines connaissances approfondies dans l’art du collage ( invention française du dix huitième siècle, reprise par Picasso et les cubistes au vingtième siècle), et si il y a bien un pays où l’art du collage est pratiqué avec merveille et originalité , il s’agit bien de la Bulgarie en premier chef. Je ne sais s’il existe des raisons historiques pour expliquer cela, mais je pense , plus simplement, que deux contextes ont joué en faveur de cet état de fait :
Premièrement, sur le plan politique, seule la Russie a hissé le photomontage (branche du collage) à l’état d’art officiel dans les années 1930 (le mouvement futuriste soviétique n’y est pas pour rien), même si cela servait parfois la propagande (comme pour tous les arts dans les états totalitaires).
Et concernant l’influence Russe sur les états frères – dont la Bulgarie - cela est une vieille affaire de famille. Deuxièmement des raisons économiques semblent évidentes: au prix d’un tube de peinture à l’huile à Paris ( soit un dixième d’un salaire mensuel moyen en Bulgarie) on comprend aisément pourquoi les artistes, dont la raison de vivre est de s’exprimer, se sont spécialisés dans les pays de l’Est à un art qui fit appel à l(imaginaire et à la récupération, plutôt qu’à l’imaginaire et à la spéculation des fournitures pour peintre…
Les collagistes bulgares n’ont rien…ils inventent tout, ce fut là ma première constatation lors du premier symposium art collage à Plovdiv en l’an 2000.
Il est vrai que j’ai reçu lors de cette manifestation une très grande leçon d’humilité, et Dieu sait combien nous avons besoin de ce genre de leçon à chaque âge de notre vie.
Pour exemple je me souviendrai stoujours de ce petit exercice pratique que m’ont donné mes collègues bulgares concernant l’usage d’un simple filtre de cigarette….
Fumeur invétéré, j’avais beaucoup de mal à me procurer à Plovdiv mon paquet de tabac préféré (soit mes soixante cigarettes) par jour.
Je décidai pour des raisons plus économiques que pratiques de me mettre à la cigarette bulgare (Victory!) , dont le prix est quatre fois inférieur à mon Drum.
A chaque cigarette je décapitai - avec ma délicatesse habituelle qui a fait jadis mon succès auprès des gentes dames - ce bout filtre auquel j’ai une certaine hostilité.
Ce misérable petit bout filtre était à mon grand étonnement récupéré par mes collègues bulgares.
Lorsque au bout de deux jours de ce petit manège, soit une centaine de petits bouts plus tard, je leur demandai ce qu’ils pouvaient bien en faire, ils me dévoilèrent leur trouvaille : le bout filtre, enlevé de son enveloppe papier, était déroulé, couche après couche, puis imprégné de colle, et liée à la toile : on obtenait ainsi un effet de matière particulièrement réussi, et ressemblant à ce que j’obtenais moi même lorsque j’avais besoin d’en avoir recours – en achetant ( ô européen industriel qui laisse son imaginaire au niveau du catalogue de création des entreprises Rougier et Plé) une feuille matière cotonneuse prête à l’emploi au bazar de l’hôtel de ville, le très célèbre magasin parisien.
Ils ont rien, ils inventent tout.
Il ne faudrait pas penser à partir de là qu’ils ont de la chance de ne rien avoir, ou que cela est un avantage – ne pas croire non plus que les européens des pays industriels auraient forcément la même imagination si ils étaient placés dans leur même contexte – ils n’ont rien, et leur volonté est de ne pas s’apitoyer sur ce manque de tout ( si j’avais…Je ferai ) mais de contourner cet handicap pour en faire une force.
A ce titre, dans tous les domaines, l’art bulgare fait preuve d’innovation, inventant de nouvelles bases, de nouvelles structures, de nouveaux matériaux et outils.
L’imagination réalise des prouesses de science d’invention et d’astuce qu’aucune somme financière ne saurait réaliser. Ce débordement d’astuce n’est pas sans me faire songer à la France du début des années soixante, où les enfants en manque de jouets récupéraient les bouchons de liège des bouteilles de vin, qui une fois découpés en quatre – reliés par des bouts d’allumettes en guise d’essieu à une boite d’allumette, nous offraient à notre imaginaire un merveilleux chariot de cow-boys.
Est-ce cela aussi l’originalité de la création bulgare ?
Les artistes bulgares ont ils gardés leur âmes d’enfants, où sont ‘ils tout simplement restés des grands enfants ?
En France, lorsqu’une question est embarrassante on répond par le très bref refrain d’une chanson enfantine :
Pirouette
cacahuète
En l’occurrence la pirouette concernant cette question serait de répondre par cette autre question : est-il possible d’être un vrai artiste sans avoir conserver son âme d’enfant ?
Et pour la cacahuète me demanderiez –vous ?
Désolé, je l’ai mangée.

Pierre-Jean Varet

Lui écrire: ARTCOLLE@aol.com

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