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BALTCHIK

Au centre de la partie méridionale de la Dobroudja, s'élève le village de Baltchik. Dans un environnement de vignes, d'amandiers, de figuiers, de cyprès se dressent de charmantes petites maisons aux tuiles rondes, de styles ottoman et Renaissance bulgare. Sa population se partage entre Bulgares pure souche et descendants des troupes musulmanes d'occupation.

On peut y voir: le "Complexe ethnographique" (rue Hristo Botev nº4), reconstruction d'une école du XIXème siècle; l'église Svéti Nikola, édifiée en 1845 par le fameux architecte Koyou Raïtchov; le musée d'Histoire (place Nézavisimost), qui possède plusieurs statues de l'Antiquité grecque dont, notamment, un buste de Dionysos lui-même; le Musée ethnographique (en face du musée d'Histoire), avec ses nombreux costumes folkloriques et la reconstitution d'intérieurs paysans du XIXème siècle.

Mais le plus intéressant, dans cette ville, est sans doute l'ancien palais d'été de Marie de Roumanie, grand-mère du roi Michel, et ses jardins. Situé à 2 km à l'ouest de Baltchik, le palais a été achevé en 1931 - d'après les plans d'un architecte italien - sur un terrain acquis en 1926. Bâti sur trois étages, surmonté d'un minaret, il est de style mixte - oriental et européen - et reflète les convictions philosophiques de la reine, qui œuvrait pour le rapprochement islamo-chrétien.

Selon certaines rumeurs, l'érection du minaret relève d'une autre forme de rapprochement que je ne résiste pas à l'envie de vous conter.

Dans la soixantaine, Marie de Roumanie s'éprit d'Ahmed, jeune pêcheur turc très pieux de vingt ans. Comme tout un chacun le sait, "Ce que femme veut, Allah le veut!"... mais comment concilier la foi islamique, et les cinq prières quotidiennes exigées, avec la présence constante sollicitée par la roumie roumaine? D'où, comme petit cadeau bien pratique, la mise à sa disposition d'un minaret.

Mais revenons à, si j'ose dire, des choses plus élevées. Le parc du palais, devenu depuis "Jardins botaniques", a été créé sur le flanc de la colline calcaire tombant à pic sur la mer. Orné de fontaines, de colonnades, de bassins, de moulins, d'une chute d'eau, on peut y voir - en parcourant les sentiers de pierre blanche, autrefois recouverts de tapis luxueux - le Jardin d'Allah, le Jardin de Gethsémani, deux trônes de pierre (l'un devant le palais, l'autre au bord de la mer), le Puit d'argent, et ce, parmi plus de 600 variétés de plantes rares provenant des plus lointains horizons. On y trouve aussi une chapelle montrant, en grandeur nature, un portrait de la reine Marie et de sa fille Iliana. C'est dans cette chapelle que, selon les dernières volontés de la souveraine, son cœur fut enfermé jusqu'en 1940.

Histoire:


Au Vème siècle avant notre ère, alors que la région est déjà peuplée de Thraces et que les Argonautes - en quête de la Toison d'or - y sont probablement allés musarder, les Grecs de Milet viennent fonder à Baltchik une colonie appelée Krounon (En grec ancien: Sources). Plus tard, Krounon - en pleine prospérité - devient Dionysopolis, en l'honneur de son divin protecteur de la vigne.

Au début de l'ère chrétienne, les Romains y battent monnaie et Ovide en parle comme "de l'une des principales agglomérations du littoral du Pont Euxin" (ancien nom de la mer Noire). Mais le temps fait son œuvre et la ville tombe dans les oubliettes de l'histoire.

Au XIVème siècle, elle est encore - jusqu'en 1388 - un port de la Dobroudja d'Ivanko, avant d'être conquise par les Ottomans. Ceux-ci l'appellent Baltchik, selon le nom de Balik, ancien seigneur bulgare local.

La ville, sous le joug turc, continue son déclin jusqu'au XIXème siècle, époque à laquelle l'exportation du blé de la Dobroudja se développe et contribue à lui rendre une part de sa richesse passée. Après la libération, en 1878, Baltchik fait à nouveau partie de la Bulgarie... mais, en 1913, le traité de Bucarest l'attribue à la Roumanie: elle redevient une petite cité provinciale. En 1940, heureusement!, Baltchik et la Dobroudja méridionale reviennent dans le giron bulgare.

Intéressés par les voitures des pays de l'Est? Pour faire le point sur les préjugés concernant le parc automobile de ces pays, tant décrié, voyez notre rubrique: autos des pays de l'Est

 

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